[Leggero] Seule avec un fond d'alcool

Plus rouge, tu meurs. Mais Vasilias ne peut pas mourir. Son poing était pris de spasmes constants alors qu’elle restait avachi sur un fauteuil. À sa droite, une boîte à nouilles instantanées vide depuis longtemps, une bouteille de digestivo bien plus consommée qu’elle ne devrait l’être et des résultats sur qu’est-ce que c’était que ce… Kunaï. Un spécialiste d’histoire avait été ramené. Il disait que ça venait d’une nation antique, le Lajo. C’était un outil, non pas un godemichet. Il aurait été utilisé par des artisans et des paysans. Une toute petite dague comme ça, en même temps, ça pouvait pas aller bien loin.

”... Foutre la merde dans mon café… à moi...”

L’objet avait été pris par des analystes. Ils avaient séparé la substance pour retracer son origine ainsi que pour sécuriser l’artefact quant à ce qui l’avait oint. Vasilias s’était fait une entaille avec un petit bout de ce qui restait, avant d’admirer les réactions de sa main. Sa peau habituellement si pâle avait viré au rose en si peu de temps. Le groupe qui aurait le plus utilisé ces kunais furent les shinobis. Des terroristes et des assassins s’ayant fait rattrappé par la technologie Zelenite, du moins, selon le peu de documents centrés sur leur évolution. Le rapport lui disait de faire attention à la propagande, et Vasilias avait compris ça rapidement. Mais elle n’avait de désir que de sauter sur la conclusion hâtive qui lui permettrait de rester sur son idée que ce n’était que cette Dohrnii n’était qu’une clocharde meurtrière. Cela faisait, quoi, une bonne semaine depuis qu’elle l’avait rencontré ? L’arrivée des analyses lui avait juste remis ces mauvais souvenirs dans sa tête.

”Pff...”

Elle se leva en manquant de glisser. Sa main gauche était terriblement affaiblie, mais elle avait résisté à pire. Elle redressa sa colonne paresseuse avant de s’avancer vers un punching bag. Son poing plein de spasmes et de réflexes se leva avant de s’éclater contre le plastique. Ce kunai existerait depuis plus de cinq-cents ans. Ses phalanges rouges cognèrent le sac à nouveau. Le venin ressemblait à celui d’une méduse, mais la substance n’était définitivement pas la même. Elle frappa le sable avec rage. Mauvais direct : son poignet se plia puis se foula.

”PUT…-aaaaaing...”

Elle prit de sa main libre sa pauvre jointure malmenée, l’écrasant contre son ventre tout en courbant le dos. Cette Dohrnii avait raison. Vasilias n’était pas libre. Elle ne le sera jamais. Elle était trop adorée par sa population pour dégager. Ils foutraient un autre connard fantoche à la place. Elle ne pourrait pas fuir, elle trempait dans la mafia jusqu’au cou. Elle se ferait avoir par la loi si elle s’éloignait de son petit trône de merde. Peut-être qu’on la ramenerait à sa place avec plus de chaînes autour du cou. Peut-être qu’elle serait juste jetée à la rue en haillons et laissée pour morte. Elle n’avait aucune connaissance en politique. Elle n’avait aucune connaissance en sociologie. Elle n’avait aucune maîtrise des chiffres. Merde, elle était incapable de se souvenir de toutes les formules de politesse durant les meetings ! Elle n’était juste bonne qu’à maintenir une machine à billet déjà mise en place par son putain de père.

”Aïe… Aïe aïe aïe aaaïïïïeeeeuh...”

C’est ce qui se passe quand on tape partout sans s’échauffer. Mal de main, mal de tête. Ses deux cornes semblaient vibrer à l’intérieur de son crâne, maintenant. Elle devait être déshydratée… Elle tituba vers sa salle de bain personnelle. Impeccable, nettoyée à chacune de ses sorties. Tellement de produits de beauté qu’elle n’utilisait pas. Elle plaça sa gueule sous le robinet et enchaîna les gorgées d’eau. C’était frais. Elle sembla revivre un peu.

”Ahhhh...”

Elle sortit son portable de sa poche et composa un numéro rapidement avant de placer la machine à son oreille.

”Informez le… Informez le Royaume de Zelen que la Dohrnii a été aperçue quittant le Leggero. Et puis foutez-moi la paix pendant le reste de la semaine.”