Entre de bonnes mains

Messages : 7 Date d'inscription : 26/01/2020 Age : 24

Les infos étaient bonnes, deux jours avaient passé depuis notre petite session de renseignement, et déjà le matos' était en vue. Pour ce coup, j'avais rassemblé 5 bon gars, des types fortiches au cerveau pas trop mal foutu qui avaient déjà fait leur preuve. 'fin, à l'exception d'Arnold, le minot de la troupe. C'te gosse avait à peine vu pousser ses premiers poils pubiens, mais il avait de l'énergie à revendre, et ça me plaisait bien. On était rassemblé dans le sous-sol d'un de ces foutus building sous-terrain, habituellement utilisé comme repère par les toxicos les plus trash de cette cave géante qu'était Underground. Je gravissais un échafaud improvisé en matériau de récupération pour prendre un peu de hauteur et annoncer le déroulement du plan à ma dream team.

"Bon, les cocos. C'est du gros morceau aujourd'hui, je compte sur vous pour être à fond sur ce coup, l'occasion se représentera pas avant un bon moment. Il est question d'une grosse livraison de beaux petits engins, du genre arme lourde et pétoire en tout genre. Il paraît que ça bosse bien dans le domaine niveau techno', ce serait con de laisser ces joujous tout neuf à des types qui sauraient pas quoi en faire, pas vrai ?"

Ils approuvèrent tous en coeur, brandissant des poings et hurlant leur engouement. Rah, qu'est-ce que j'étais bien entouré.

"Le gros de la cargaison débarquera durant la prochaine heure. Ils passeront en convoi par les ascenseurs est, ayant certainement obtenu un passe-droit pour pouvoir se trimbaler comme ça. Mes avis qu'ils traîneront pas avant de rejoindre les points de stocks principaux, sûrement même comptent-ils disperser directement la marchandise dans la ville avant de la livrer. Va falloir frapper après le premier carrefour, on choisira le plus gros camtar le moins protégé, histoire de maximiser le butin et minimiser les risques. Vous connaissez la procédure, formation "Incision à Vif"."

Deux devant pour bloquer l'avancé du bordel, deux derrières pour couvrir... Dans le mille, les arrières. Et enfin ma petite personne pour jouer les fantômes et ouvrir les portes du trésor à mes très chers camarade. Jusqu'ici, on s'en était toujours bien sorti, fallait espérer qu'on se soit pas trop fait remarqué, qu'ils aient pas dosé la garde.

"Toi le p'tiot, tu m'suis à la trace. J'compte sur toi pour bien observer, tu fais pas le malin et tu écoutes mes instructions à la lettre."

"Heeein ?! Mais nan, j'peux bosser comme vous ch-..."

"A la lettre !"

Ouai'p, il était bien fougueux le Arnold. Mais encore trop peu expérimenté... C'était pas bon de risquer qu'il se fasse choper, pour nous comme pour lui. Et puis, sans trop me l'avouer, je sentais comme une odeur de roussi dans toute cette affaire.

Personne ne s'aventurait sciemment dans les sous-terrains de ce continent délabré et poussiéreux sans en connaître les risques. Après tout, aucun citoyen un tant soit peu intelligent de New Metrollum n'y venait pour faire du tourisme. Les échanges anti-totalitaires, les ventes de produits illégaux étaient tant d'éléments qui venaient identifier les petites frappes qui s'y concentraient. Ils y grouillaient, et personne ne pouvait rien y faire. Une dictature était à la tête du pays, après tout, et chacun aspirait à regagner sa liberté ou à enterrer davantage son libre arbitre.

Tapant du pied, inquiète en tout point, Emily soupira sous sa capuche épaisse, et se réchauffa tant bien que mal avec cette grosse veste peu élégante, ce pantalon en patte d'éléphant. Un charmant style casual qui n'était pourtant certainement pas au goût de cette jeune femme qui tapait du pied. Montre greffée à la main, son oeil observa avec hâte les aiguilles de sa montre pour y trouver un semblant de réponse. 8H15. Toujours pas là.

"Mais merde...Maximilien, grouille-toi".

Peu dans son élément, Emily sursauta néanmoins en entendant, au loin, des acclamations et des grognements presque inhumains. Sûrement des drogués, songea-t-elle pour se rassurer. Puis il lui sembla discerner quelques menaces, ou quelques mots peu rassurants. Des réunions pour des sabotages de masses, des objectifs dont elle n'était pourtant pas chargée d'enquêter. Déglutissant, ses pas se rapprochèrent néanmoins de l’endroit à petits pas. Elle y descella "incision", et quelques ordres destinés à renverser le gros d'une…cargaison ? Elle n’en était pas certaine.

Non. Décidément, ce n'était définitivement pas un endroit pour une enquêtrice de sa trempe. Ses yeux continuèrent à fureter de gauche à droite, dans l'espoir de retrouver Maximilien, quand une main empoigna son épaule. L'interpella. Faisant volte-face, elle tomba nez-à-nez avec deux résidents des profondeurs.

"Eh bien...J'avais un doute, mais c'est visiblement une petite souris un peu nouvelle qu'on a là devant nous !

-Ouais...Une bien mignonne, en plus. Ca te dira de faire un tour un peu plus loin, avec nous deux ?", fit un homme au teint basané, aux cheveux blonds délavés et au T-shirt déchiré.

Emily haussa un sourcil hautain. Inquiète, le Lévrier n’entendait certainement pas se laisser intimider ainsi et balaya le bras de son adversaire. Surpris, ce dernier resta stupéfait. Puis, à compte-goutte, on vit son visage se déformer sous plusieurs teintes. L’incompréhension fit place à de la rancœur, et de la rancœur, une grimace figea ses menaces. Sa main teint cette fois-ci plus fermement le bras de la jeune femme, qui ne retint plus son initiative.

A peine touché, le gars se mit à gueuler les quatre vérités de sa vie.

"Sale pute, Et toi, espèce de PD ! Je t'ai vu troncher ton autre pote dans la douche, tu me dégoûtes ! Avec ta vieille tête cassée, je te promets que j'ai prévu de me charger de toi et de ton joli petit cul après cette meuf ! De toute tu m’la laisses, ça ira mieux comme ça.

Bien loin d’imaginer l’origine de ces mots perdus, son collègue au sang chaud entra aussitôt dans le jeu.

- De quoi ? T'as prévu quoi avec tes p'tits bras ? Vieux sac, allez. Je t'attends. Prouve donc tes dires."

L'instant suivant fila plus vite qu'un lièvre qui détale face à un prédateur. Son premier agresseur sortit de sa petite poche un canif dont le tranchant trouva refuge dans la peau d'un bras hissé en guise de bouclier. Un râle de douleur, un cri de colère, et une danse de poings s'initia sous les yeux de l'Agent Barzoi. Des coups de feu résonnèrent, et la jeune femme prit cette fois-ci ses jambes à son cou...

Ni une, ni deux, Emily décida de se cacher derrière une caisse en bois, le temps que ce combat d'infirmes ne s'atténue...Il serait bon de ne pas être au centre de l'attention en pleine réunion.

Messages : 7 Date d'inscription : 26/01/2020 Age : 24

Je croisais les bras, fière de tous ces bons gars prêt à tout pour mener à bien la mission que je leur confiais. On était pas à notre premier coup, et même si il était arrivé qu'on ait quelques bricoles, notre belle petite équipe avait toujours fait ses preuves. Je les laissais s'exclamer et rire en coeur encore quelques instants, avant de brandir la main en l'air pour demander le silence.

"Votre fougue me rassure les p'tits potes, mais gardez-donc votre énergie pour célébrer notre réussite voulez-vous ? Bon, préparez le matos' et on décolle, faudrait pas rater notre bus !"

D'un bond, je descendais de mon estrade improvisé, tapant sur l'épaule d'un des braves qui passait à mes côtés tout en continuant mon petit bout de chemin jusqu'au tas de caisses que nous avions empilé au fil des mois, et qui représentait le butin total de toutes nos escapades. Attrapant un flingue qui traînait au fond d'une des boîtes, je le manipulais doucement d'un air songeur. Celui-ci n'avait rien de bien fameux, une sorte de prototype certainement au vu de son design si particulier. Je me demandais, comme à chaque fois, ce que nous allions bien pouvoir dégoter cette fois-ci. Finalement tiré de mes songes, un coup de feu résonna dans le repère, puis des cris s'élevaient. Qu'est-ce que c'était que ce bordel ? Sans tarder, je m'empressais de rejoindre le lieu de la détonation, au pas de course, indiquant à ceux qui ne s'étaient pas précipités de continuer les préparatifs. J'arrivais finalement sur le lieu de l'incident, découvrant 3 de mes gars qui tâchaient tant bien que mal de séparer les troubles fêtes. Si j'étais rassuré de ne pas découvrir un quelconque agent de la ville ou de l'état, ça me foutait bien les glandes qu'ils aient pu se foutre sur la gueule à un moment pareil.

"Bordel les gars, mais à quoi vous pensez ?! Emmenez les moi, et arrêtez ces putains d'hémorragies. Rah mais qu'est-ce que vous êtes cons, vous auriez pu attendre ce soir pour régler vos comptes bordel !"

Continuant de pester l'un sur l'autre, le plus fin des deux commença à accuser son adversaire d'avoir provoqué la bagarre, assurant qu'il avait essayé de lui piquer la donzelle en lui balançant des accusations qui, selon lui, n'avaient rien de véritables. Donzelle ? Comment ça ? Sans pour autant écouter davantage des explications qu'il avait à me présenter, je balayais l'endroit du regard, interpellé par cette remarque. Il racontait des conneries ou bien ? Les bougres s'étaient bien éloigné désormais, et alors que je m'apprêtais à les rejoindre mon regard s'arrêta sur un tas de caisses prêt desquelles j'avais cru voir une forme se mouvoir dans la pénombre. Je plissais les yeux, effectuant tout doucement quelques pas vers le lieu qui m'avait interpellé. Soudain, la voix d'Arnold résonna à travers le sous-terrain, m'annonçant que tout était enfin prêt. Je grimaçais.

"Erf'... Cris plus fort tant que t'y es, qu'on soit sûr de rameuter toute la ville..."

Finissais-je par souffler, exaspéré par le comportement maladroit du petit. Je tournais les talons, bien loin de m'intéressé suffisamment à ce fantôme de l'ombre pour en oublier la mission qu'on s'apprêtais à mener à bien. La plupart des gars armées, les équipes composées, on se précipitait hors du repère pour rejoindre les rues de la cité souterraine. Il ne nous fallut pas bien longtemps pour nous mettre en position, et placer nos groupes de manière à intercepter correctement le fourgon que l'équipe de repérage avait remarqué comme étant le plus intéressant. Un silence pensant c'était installé dans les rues qui nous servaient de cachette, les silhouettes des plus agiles d'entre nous se mouvant à travers la pénombre afin de se préparer à lancer l'assaut. Finalement, le véhicule fit son apparition, tournant comme prévu dans la bonne direction, seul. Ils s'étaient dispersé, le moment de frappé était venu, je plaçais mon pouce et mon index entre mes lèvres et ma langue, faisant retentir le sifflement qui marquait le début de l'opération. Ni une ni deux, le groupe de devant fit barrage au camion en déployant une herse qui parvint à creuser les pneus pourtant robuste du véhicule. Pff', ils faisaient presque pas d'effort en face, ils auraient pu améliorer leur matos'. La seconde équipe se plaçait à l'arrière pour empêcher la potentielle tentative de rebrousse-chemin de notre cible, marquant mon moment pour agir.

"Vas m'attendre devant la porte arrière le p'tiot, t'auras l'honneur de choper notre premier trésor !"

Le décoiffant presque affectueusement, tout enhardi par la réussite du plan, je le poussais en avant pour qu'il se mette en position puis m'élançait en avant afin d'atteindre la paroi du véhicule. Le chauffeur avait été appréhendé, et je venais tout bonnement de passer aux travers de la dernière protection qu'il restait à cette belle petite cargaison : les murs blindés du camion. Reprenant mon souffle, je me retrouvais au beau milieu d'une véritable caverne d'ali baba. Je ne pouvais pas m'empêcher d'afficher ce sourire niais, c'était bien trop facile, tout s'était parfaitement passé ! Bien trop parfaitement, en réalité. Mon ardeur calmée par ce mauvais pressentiment, je m'empressais de déverrouiller la porte arrière du fourgon afin de laisser les gars s'emparer de la cargaison. Cependant, plutôt que des acclamations, ce fut une lumière éblouissante qui m'accueillit à l'ouverture des portes.

"Bouges plus enfoiré, t'es cerné et tes p'tits copains sont maîtrisés !"

Bordel, on s'était fait avoir, quelqu'un nous avait balancé ! Je levais les mains au ciel, réfléchissant aussi vite que je le pouvais à un moyen de nous tirer de cet merdier. S'il n'était pas difficile pour moi de me faire la malle dans ces conditions, je ne comptais pas abandonner tous les potes... Et cet enfoiré là-bas, il tenait Arnold !

Quelqu'un se dirige vers moi. Je déglutis. Mon cœur bat la chamade. Je le sais parce qu'une main chaude tente de me rassurer, placée tout contre mon cœur. Elle fait écho avec ces insoutenables battements et m'intime de me calmer. Tardivement, je m'aperçois qu'il s'agit ni plus, ni moins de ma seule oeuvre. Cette main, c'est la mienne. Je suis seule. Alors je soupire, inquiète. J'ai l'impression de perdre pied. J'ai du mal à savoir si la chance me sourit ou si la guigne me poursuit. Peu importe. Le plus important, c'est de foutre le camp. Et vite.

"Tu peux le faire", me dit cette petite voix affirmée. "Tu peux le faire, et tu vas le faire. Ce serait bête de te faire coffrer à cause de ce triple connard."

Je n'ai pas d'autre choix que d'y obéir. Tout comme je n'ai pas d'autre choix que de faire face à ce qui m'attend. Là, devant moi, s'éclairent des réverbères aveuglants qui menacent ma liberté chérie, celle que je viens tout juste de regagner dans l'ombre. Se pourrait-il que le danger soit plus grand encore que cet instant présent ? Ô bon Dieu...Je dois faire quelque chose. Quelque chose, oui...Mais quoi ? La réponse m'échappe et pourtant, c'est la voix sèche et fouettarde d'un homme qui me tire de ma stupeur.

"Bouges plus enfoiré, t'es cerné et tes p'tits copains sont maîtrisés !"

Est-ce un agent de l'Etat ?

Cette voix balaie le plus petit espoir que je porte en eux. Ceux qui m'ont agressé n'ont pas l'ombre d'une autorité. Ce sont des malfrats. Pourtant, ces nouveaux pions tout juste ajoutés à cet échiquier grandeur nature peuvent prétendre à bien plus de pouvoir que ces quelques tapages et racolages auxquels j'ai échappé. Joignant les mains, serrant les genoux, je ferme les yeux. Pour réfléchir. Pour planifier.

Qu'aurais-tu fait, Maximillian ?

La détresse me monte aux yeux pour une fraction de seconde. Les bruits de bottes militaires claquent contre le sol. Ô, je sais ce qui m'en coûte. Parce que je ne suis pas du pays, et qu'on ne veut pas forcément du bien aux gens qui, comme moi, viennent de la Ville Rebelle devenue Nation. Je n'ai rien à faire ici. Mon immunité y est morte-née. Je ne fais qu'y attendre un type qui ne se pointera pas désormais. Un type moins sensible que je ne le suis, à mon plus grand désarroi.

J'ai peur, oui, mais mes sens y sont d'autant plus en alerte. On est cerné, mais mon paradoxe c'est justement de ne pas encore l'être, "cernée". Dans la main d'un agent désormais ennemi, il y a un mineur qui appelle à l'aide. Et face à ce mineur, se dresse tout un peloton de pécores qui ne se relèveront plus une fois mis derrière les barreaux de ce gouvernement. De rage, je gémis silencieusement. Ces histoires de cargaison et de rébellion ne m'atteignent plus, mais l'idée de voir un enfant pâtir d'une aussi basse besogne m'agace au plus haut point. Si cette entité existe seulement, alors je peux affirmer que "Détermination" me somme de relever la tête et d'agir, d'entrer dans la lumière. Mes lèvres restent scellés, laconiques et silencieuses, car je n'aime décidément pas ce pays de merde...

De ma poche, je sors cinq balles qui trouvent refuge dans le chargeur de mon humble et fidèle revolver. Je ne réfléchis pas, car il n'y a pas à réfléchir selon moi. D'autres hommes peu scrupuleux ne tarderaient pas à le rejoindre néanmoins, un fait qui bien vite se confirme quand d'autres voix s'alignèrent aux grommellements de l'autre homme. Je n'y tiens plus : je longe une autre série de caisse, en veillant à attirer l'attention de celui que j'avais identifié comme étant le leader. Tout n'est pas perdu, et quitte à collaborer, autant le faire dans les règles de l'Art. A cette distance néanmoins, il est possible qu'il ne m'entende pas...

"Je n'aime pas être sous les feux des projecteurs, mais vous ne me laissez décidément pas le choix par la suite. Récupérez ce petit gars, et filez. Faites-le juste vite...T'as des cargaisons. Un camion blindé. Et probablement des munitions. Qu'est-ce que tu attends ?"

J'espérais qu'un vague clin d’œil suffirait pour gagner un semblant de complicité, mais entre nous, ça ne tromperait personne. Par pitié Maximilian...J'ai besoin de toi. Je suis bonne tireuse mais ta Pestilence et tes caprices visent la mauvaise cible actuellement : moi. Et moi, je suis enquêtrice, pas une machine de guerre.

Spoiler:

Messages : 7 Date d'inscription : 26/01/2020 Age : 24

Deux...Quatre...Six...Huit... Une bonne dizaine. Mes gars étaient à terre, allongés contre les murs des bâtissent qui délimitaient la rue. Ils ne gênaient pas le passage, en somme, mais ces belles enflures avaient pris soin de choper le gamin du groupe pour en faire un otage. Bon sang, ils me tenaient en joue. La moindre erreur pouvait s'avérer fatale, non pas pour moi, mais pour Arnold. Quelle connerie, ça n'aurait pas dû se passer comme ça, on s'était fait rouler. J'enrageais, mais à chaque seconde qui passait la situation ne faisait qu'empirer, ces types suréquipés prenant de plus en plus leurs marques. Soudain, alors que je serrais les dents d'anxiété, une voix s'éleva de l'ombre, à ma droite. Déglutissant, toujours les mains levés, je profitais de la pénombre et de mes lunettes qui cachaient mon regard pour le porter sur cet interlocuteur impromptu. Si je ne distinguais pas correctement la personne en question, sa silhouette et sa voix m'intimaient clairement qu'il s'agissait d'une femme. Si j'avais bien du mal à faire confiance à la gente féminine, force était d'admettre qu'elle était pleine de ressource, et la moindre assistance était la bienvenue. D'autant qu'elle marquait un point, la bougre, relevant l'avantage de ma position en la présence de notre magot. Si je rechignais à perdre le trésor, je ne pouvais laisser tomber le p'tiot, surtout pas après l'avoir jeté dans la gueule du loup. Arnold, se débattant tant bien que mal malgré l'étreinte certainement bien trop forte qui l'entravait, parvint finalement à libérer sa bouche du bras qui la couvrait.

"Pooloooooo ! J'peux m'en sortir, enfuis t-..."

Un violent coup dans la nuque venait de le couper, l'assommant sur l'instant, tandis qu'il s'écroulait dans les bras du responsable avant que ce dernier ne le laisse s'écraser à terre. Mon sang ne fit qu'un tour, cet enfoiré allait payer, il venait de faire sa dernière erreur.

"Toi restes dans les parages et attends-moi !"

Criais-je à la silhouette féminine qui représentait ma seule potentielle alliée, avant de m'engouffrer au fond du fourgon. Déjà, nos ennemis s'étaient mis à faire feu, noyant l'intérieur du fourgon sous une pluie de balles. Trop lent, l'une d'entres-elles parvint à se loger dans mon mollet, m'arrachant un gémissement avant que je n'utilise ma perméation pour passer la paroi qui séparait la cabine de pilotage du sas de stockage. Atteignant les commandes, les clés déjà sur le contact, je démarrais à toute vitesse et appuyais sur l'accélérateur. Surprenant sans aucun doute nos ennemis par une telle manoeuvre, je balayais les quelques salopards qui s'étaient posés devant le fourgon avant de passer en marche arrière. Là, lançant l'engin à toute vitesse en direction du barrage qu'ils avaient créé, j'attendais le dernier moment pour sauter en arrière et traverser à nouveau chaque paroi du véhicule. Bondissant in extremis hors de celui-ci, j'inspirais une grande bouffée d'air avant d'attraper Arnold au sol, l'emportant avec moi dans cette traversée de matière. Les roues du fourgon passèrent à travers mon corps, ce dernier s'écrasant lourdement contre les véhicules de nos ennemis. Comme on pouvait s'y attendre de la part d'une cargaison d'armes en tous genre, l'impact provoqua une terrible explosion ravageant une grande partie de la ruelle. Cela faisait bien cinq secondes que je m'enfonçais dans le sol, mais ma blessure et la présence d'Arnold m'empêchaient de tenir plus longtemps. Ainsi, manquant de suffoquer, je reprenais ma respiration et me voyais projeter à l'air libre. Atterrissant brutalement sur le dos, tâchant de protéger le p'tiot de l'impact en le serrant entre mes bras, je grimaçais et haletais. Le vacarme de l'explosion avait laissé place à un silence pesant, simplement ponctué du crépitement des flammes, tandis que celles-ci éclairaient la ruelle. Je parvins finalement à ramper jusqu'à la femme qui m'avait interpellé, m'affalant contre les caisses avant de lui confier Arnold, ce dernier désormais nu comme un ver après avoir traversé la matière à mes côtés.

"Trouves-lui de quoi se couvrir... Hah... Et tires-toi avec. Vu le bordel qu'on a causé, d'autres vont rappliquer, faut pas traîner."

J'en oubliais presque de m'occuper de moi, quel idiot, j'pouvais pas me permettre de me négliger avant d'avoir redressé cette foutue ville. Arrachant l'un des bandages qui couvraient mon abdomen, je m'en servais comme garrot autour de ma cuisse comme d'un garrot pour empêcher mon mollet de servir de point de fuite à mon sang. J'espérais pouvoir compter sur la Dame, au moins pour le p'tiot, puisque avec un peu de chance j'allais simplement finir en taule... Si seulement ces types étaient de simple flics. Alors que je finissais de serrer la bande, la lueur des flammes fut soudainement cachée par une ombre, un type ensanglanté ayant visiblement réchappé à mon ultime assaut me pointant son flingue sur la gueule. Il tenait à peine debout, mais moi pas du tout, une goutte de sueur s'écoula de ma tempe... Son doigt se crispait sur la détente.

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